Les préjugés au feu et les imbéciles au milieu
Pour commencer soyons clairs et définissons le contexte. Je ne souhaite pas cacher ou minimiser l’importance de 13 853 enlèvements recensés en 5 ans ou du nombre de morts annuel de Bogotá.
Oui, il y a des quartiers qui craignent, dits « populaires », où il ne faut pas s’aventurer à partir d’une certaine heure (Ciudad Bolivar, Usme, Kennedy, Suba, Rafael Uribe, San Cristobal, Bosa…). Oui, il faut faire attention et les taxis peuvent te voler/droguer/violer. Oui, il y a la pauvreté, la misère, les déportés de guérilla et d’autres choses qui peuvent t'arracher un bout de cœur au passage.
Mais
Laissez moi vous raconter ce que je vis ici.
Je me sens bien, sors dans la rue sans crainte, mon ordinateur dans un sac qui ne se ferme pas, écoutant mon iPod, dans le transmilenio tambièn, sans aucune inquiétude. Mes amis colombiens ne vivent pas dans la peur et l’angoisse du vol, de la détention ou de la mort.
Pire que ça
PADMM
(PETITES AVENTURES DE MÈRE MARIE)
Voici quelques petites anecdotes que j’ai pu expérimenter durant ce mois en capitale colombienne.
J’étais perdue. J’ai marché dans une direction puis en sens inverse, puis suis revenue une fois de plus sur mes pas, lorsqu’un homme m’arrête.
Je m’excuse, je vous ai vu aller et venir et vous sembliez perdue. Je peux vous aider ?
Et tout naturellement de m’indiquer la direction à suivre et s’en aller le sourire aux lèvres.
J’ai rencontré jusqu’ici six personnes grâce à couchsurfing qui m’ont accueillie comme si j’étais de leur propre famille, avec gentillesse, attention, partage. Les gens ici sont ouverts et fièrs de leur pays, de leur culture et aspirent à la partager. Être européen a ses avantages. Par exemple, alors que vous attendez tranquillement dans la rue, une cigarette à la main, quelqu’un passe, vous demande si vous voulez du feu et, ne trouvant pas son briquet, vous demande d’attendre et revient avec un paquet d’allumettes. Cadeau.
Des histoires comme cela, j’en ai encore par millier.
Le vendeur d’ampanadas, en bas de chez moi, se souvenait de mon prénom la deuxième fois que j’y suis allée. Pareil pour la fruteria. Et quand l’épicier m’a vu acheter une bouteille de rhum et que je lui ai dit que c’était pour mon anniversaire, il m’a emmenée faire le tour du magasin. Tout ce que « je ne connaissais pas » ou encore ce qui lui passait sous la main, c’était cadeau, pour la fête, pour moi, pour me voir sourire qu’il disait.
J’aime cette ville et je m’y sens bien
en sécurité. Personne n’irait en minijupe, la nuit, dans les quartiers nord de Marseille. Et bien ici c’est pareil. Il y a des choses à ne pas faire, mais est-ce pour ça que nous pouvons généraliser et juger ? Je ne pense pas.
J’aime cette ville et je m’y sens bien.
J’aime les gens
J’aime l’ambiance
J’aime le désordre qui naît de la spontanéité d’un pays qui, comme moi, est encore jeune et a la naïveté de croire que tout est possible.
Après, je ne vous cacherai pas non plus que Bogotá,
ça fait des crottes de nez noires de pollution.
Commenter cet article